
Les traitements contre le VIH ont fait des pas de géants au cours des trois dernières décennies. Si les personnes séropositives jouissent aujourd’hui d’une espérance de vie semblable à celle de la population générale, les traitements doivent être pris à vie, car ils permettent de contrôler, mais pas d’éliminer le virus. Le principal obstacle : les réservoirs viraux, qui persistent malgré les trithérapies de pointe.
Les travaux de Nicolas Chomont portent justement sur ces fameux réservoirs. Arrivé au CRCHUM en janvier 2015, ce spécialiste en immunologie et virologie a d’ailleurs remporté le Prix d’excellence en recherche ACRV-CANFAR 20241, dans la catégorie Sciences fondamentales, pour son apport aux avancées dans ce domaine. Il a notamment identifié en 2009 les lymphocytes T mémoires comme étant les principaux réservoirs cellulaires du VIH. Cette découverte publiée dans Nature Medicine a été citée plus de 1000 fois!
La course contre les réservoirs
Il y a plusieurs années, Nicolas Chomont et son équipe ont établi l’hypothèse que plus vite on administre la trithérapie après l’infection, plus on a de chances d’éliminer le VIH rapidement chez la personne infectée. Le but est d’agir avant qu’il se cache dans des réservoirs et de prévenir l’apparition de comorbidités. Cette théorie a fait l’objet d’une étude réalisée en Thaïlande et publiée en 2023.
En parallèle de ces travaux toujours en cours, ils poursuivent un autre projet en Thaïlande, qui se penche sur le traitement des bébés séropositifs dès leurs premières semaines de vie. En suivant ces enfants depuis une dizaine d’années, ils ont vu que, dès sept ans, la majorité ne présente plus de réservoirs. « Ça nous donne l’espoir qu’ils sont peut-être complètement guéris et qu’ils ont éliminé naturellement les réservoirs », se réjouit M. Chomont. « Puisque le nombre de réservoirs décroît rapidement, on pense qu’ils possèdent une super arme immunologique, qu’on n’a pas encore identifiée. Donc, nous visons à comprendre ce que les enfants ont de plus que les adultes. »
Pour mener ses recherches, l’équipe a recours à la plateforme de niveau de confinement 3, utilisée pour manipuler des pathogènes à haut risque et dont M. Chomont est conseiller scientifique. De plus, la plateforme de cytométrie lui permet d’analyser les cellules du système immunitaire et de repérer les réservoirs du VIH.
Un espoir de guérison totale
Comme il est impossible pour certaines personnes séropositives de commencer un traitement dès le premier mois suivant l’infection, il s’avère essentiel de trouver d’autres stratégies pour éradiquer les réservoirs. « Mon rêve, cette année, c’est de nous rapprocher de cet objectif », espère M. Chomont.
Ce dernier pilote d’ailleurs un projet nommé CanCURE dans le cadre de l’Initiative de recherche sur le VIH/sida et autre ITSS, qui a justement obtenu un financement de 3,75 M$ sur 5 ans pour développer un protocole de guérison du VIH. Quatorze chercheurs et chercheuses tenteront de comprendre dans quels tissus se trouvent préférentiellement les réservoirs viraux, par quels mécanismes le virus parvient à s’y cacher et comment le trouver.
« Au cours des deux dernières années, les nouveaux cas de transmission du VIH ont augmenté de plus de 30 % au Canada et la situation mondiale est encore plus grave. Pourtant, peu de campagnes de prévention sensibilisent la population à cette maladie. Le financement de la recherche est donc crucial », conclut M. Chomont.
1 L’Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV) et la Fondation canadienne de recherche sur le SIDA (CANFAR) attribuent chaque année ses prix d’excellence à des chercheurs et chercheuses en milieu de carrière qui contribuent à améliorer la vie de ceux et celles qui vivent avec le VIH ou qui sont à risque de contracter la maladie.
Faits marquants de l’axe Immunopathologie
Mai 2024
La Dre Océane Landon-Cardinal obtient une bourse de 145 938 $ du Fonds de recherche du Québec en santé (FRQS) pour ses recherches sur la scléromyosite.
Juillet 2024
Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) octroient des subventions aux chercheuses Petronela Ancuta et Naglaa Shoukry, de 1 285 200 $ et de 967 726 $, respectivement.
Dans une étude publiée dans mBio, Andrés Finzi et son doctorant Mehdi Benlarbi démontrent que les faibles températures affecteraient la transmission des nouveaux variants du SARS-CoV2.
Août 2024
Dans une étude publiée dans Cell Reports, la chercheuse Petronela Ancuta et son doctorant Jonathan Dias démontrent que l’acide rétinoïque issu de la vitamine A aide à la réplication du VIH dans les macrophages.
Septembre 2024
Dans la revue iScience, Petronela Ancuta et son étudiante Augustine Fert démontrent qu’un antidiabétique pourrait accélérer la diminution des réservoirs de VIH par le système immunitaire.
Octobre 2024
L’équipe de la chercheuse Sophie Petropoulos publie dans la revue Nature Communications un atlas des petits ARN non codants impliqués dans le développement embryonnaire précoce, une ressource précieuse pour améliorer les techniques de reproduction assistée.
Février 2025
Le chercheur Andrés Finzi obtient un financement de 2 M$ des IRSC dans le cadre de l’Initiative de recherche sur le VIH/sida et autres ITSS.
Dans une étude publiée dans Developmental Cell, l’équipe du chercheur Greg FitzHarris montre comment l’embryon précoce de souris élimine les cellules défectueuses ou inutiles par paires.
Mars 2025
La chercheuse Petronela Ancuta obtient un financement de 200 000 $ des IRSC dans le cadre du concours de Subventions catalyseur : recherche biomédicale sur le VIH/sida et autres ITSS.
La chercheuse Sophie Petropoulos et ses collègues du Karolinska Institutet publient dans la revue Nature Medicine une étude permettant de mieux comprendre et traiter le syndrome des ovaires polykystiques.
Ce texte est tiré de notre rapport d'activités 2024-2025