
Selon la Dre Houda Bahig, radio-oncologue et chercheuse spécialisée dans le traitement des cancers ORL et du poumon, les avancées technologiques en radiothérapie offrent de nombreuses possibilités en matière d’optimisation des soins. L’avènement de l’intelligence artificielle (IA) a notamment permis de réaliser d’énormes progrès sur le contrôle des effets secondaires et de la maladie chez les patients.
« La radiothérapie combine la haute technologie et un côté humain très fort. C’est la perspective de développer ces deux aspects dans le but d’améliorer les soins qui m’intéresse particulièrement », souligne-t-elle.
Inspirée par sa pratique auprès de ses patients du CHUM, elle souhaite ainsi personnaliser davantage les traitements afin de maximiser le taux de survie et leur qualité de vie.
Du labo aux essais cliniques
Pour ce faire, la Dre Bahig dirige des recherches sous deux volets intimement liés. Le premier utilise un outil d’IA pour analyser les données de patients atteints d’un cancer ORL, à partir des biobanques et de la plateforme informatique ATiM du CHUM. L’objectif : prédire les effets secondaires et établir les meilleurs plans de traitement par radiothérapie chez de futurs patients. Les résultats obtenus par son équipe s’avèrent prometteurs et ont été publiés dans plusieurs revues scientifiques.
Le deuxième volet de ses recherches vise à appliquer les conclusions tirées de l’analyse de ces données dans le cadre d’essais cliniques. Dans l’une de ces études randomisées, la Dre Bahig et son équipe ont testé une nouvelle approche de traitement pour les cancers de l’oropharynx.
« Nous avons mis en place un traitement novateur beaucoup plus court, qui utilise une technologie d’imagerie très précise pour cibler le cancer », explique-t-elle. « Cela nous permet de réduire le dosage; à la place de s’échelonner sur sept semaines, la radiothérapie dure maintenant quatre semaines. »
Devant des résultats préliminaires intéressants, l’étude régionale a suscité un fort engouement et a permis de recruter des patients à l’international cette année, ce qui enthousiasme la Dre Bahig. « Plusieurs centres hospitaliers, comme le MD Anderson Cancer Center, au Texas, puis un hôpital de London, en Ontario, et bientôt un autre en Hollande, ont voulu se joindre à nous. L’essai en est maintenant à la phase trois et contribuera grandement à bonifier les traitements pour les patients. » La Dre Bahig se réjouit également que la plupart des patients recrutés pour cette étude aient consenti à participer aux biobanques du CRCHUM.
Un outil de décision thérapeutique sur mesure
Grâce à une bourse pour chercheurs-cliniciens du Réseau des centres d’oncologie du Marathon de l’espoir et à un financement du CHUM, son équipe élabore également un nouvel outil d’aide à la décision thérapeutique personnalisé pour les patients atteints de cancers de la tête et du cou à l’aide de la multiomique*. En d’autres mots, il s’agit d’utiliser diverses informations sur les patients, la génétique, l’imagerie et les observations cliniques pour identifier des biomarqueurs et anticiper les réponses au traitement. Le séquençage d’une centaine de patients a déjà été réalisé, nourrissant la biobanque en parallèle. À terme, l’outil sera validé dans des essais cliniques multicentriques.
Au cours des prochaines années, la Dre Bahig espère que ses travaux se traduiront par des résultats tangibles pour les patients et qu’elle aura l’occasion de continuer à collaborer à l’international. « Nous avons été capables d’ouvrir des études dont nous sommes les principaux investigateurs à d’importants centres internationaux. Cela requiert de rallier des cliniciens à des chercheurs, des ingénieurs en informatique, des chirurgiens, des étudiants, puis de créer une synergie extraordinaire! C’est un gros défi, mais qui rapporte beaucoup. »
* Multiomique : discipline de biotechnologie située au carrefour de la génomique, de la métabolomique, de la transcriptomique et de la protéomique.
Faits marquants de l’axe Imagerie et ingénierie
Mai 2024
Le Dr Martin Girard, la Dre Houda Bahig et le Dr Daniel von Renteln obtiennent des subventions totalisant près de 428 000 $ dans le cadre du programme chercheurs-boursiers du Fonds de recherche du Québec en santé (FRQS).
Juillet 2024
Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) octroient une subvention de 493 426 $ au Dr Daniel von Renteln pour son projet visant à améliorer le dépistage du cancer colorectal.
Septembre 2024
Ali Ahmadi, codirecteur du Laboratoire de biomatériaux et biofabrication du CRCHUM et professeur à l’ÉTS, et Sophie Lerouge, directrice du Laboratoire de biomatériaux endovasculaires du CRCHUM et professeure à l’ÉTS, reçoivent 100 000 $ du Fonds des leaders John-R.-Evans de la Fondation canadienne de l’innovation (FCI) pour explorer de nouvelles techniques de biofabrication et des biomatériaux innovants.
Octobre 2024
La chercheuse Nicola Hagemeister, également professeure à l’ÉTS, obtient le Prix d’excellence en recherche et création – Volet Réalisation de l’Université du Québec pour sa vaste étude clinique sur l’arthrose du genou, publiée dans la revue scientifique Postgraduate Medicine.
Novembre 2024
Le Dr An Tang, chercheur et professeur au Département de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire de l’Université de Montréal, est nommé au comité du secteur Santé des Fonds de recherche du Québec.
Février 2025
Les IRSC remettent 1,08 M$ au Dr Gilles Soulez pour son projet de navigation par résonance magnétique dans le traitement du cancer du foie, et 1,34 M$ au Dr Daniel von Renteln pour ses travaux visant à réduire les événements indésirables après la résection endoscopique de gros polypes colorectaux.
Mars 2025
Le Dr Gilles Soulez, chercheur de l’axe, se voit décerner le prix Contribution scientifique de l’année dans le cadre des Prix d’excellence 2024 du CRCHUM pour ses travaux publiés dans Science Robotics.
Ce texte est tiré de notre rapport d'activités 2024-2025