10 ans d’avant-garde 

5 min
Nabil Naim

Nabil Naim - Radiochimie et cyclotron

Nos chercheuses et chercheurs ont à cœur de transformer leurs avancées scientifiques en progrès pour la santé humaine. 

Des infrastructures de pointe  

Pour y arriver, nos scientifiques peuvent désormais compter sur 19 plateformes scientifiques ultramodernes. Il y a dix ans, elles étaient au nombre de 10.  

Tour d’horizon de quelques-unes d’entre elles. 

Unité d’innovations thérapeutiques (UIT) 

Avec cette unité clinique de calibre international, le centre de recherche est aux avant-postes de la recherche clinique précoce. Son objectif est d’offrir aux malades en échec thérapeutique les options de traitements les plus avancées en oncologie, en neurologie et en immunopathologie. Parmi celles-ci : des médicaments administrés pour la première fois chez l’humain. 

Une équipe de 35 personnes et de plus de 70 médecins faisant de la recherche y mène des études cliniques de phase 1 (évaluation de la toxicité du médicament) et de phase 2 (détermination de la tolérance et de l’efficacité du médicament). Depuis son ouverture à l’automne 2018, près de 160 essais cliniques y ont été réalisés. Plusieurs ont impliqué la collaboration avec de grandes entreprises pharmaceutiques.  

En septembre 2022, une patiente atteinte d’un cancer du poumon est traitée lors d’un essai clinique d’immunothérapie basée sur les lymphocytes infiltrant les tumeurs (thérapie TIL). Une première au Québec! Mené par l’UIT et le Dr Simon Turcotte, cet essai a mobilisé près de 40 personnes du CHUM et du CRCHUM.  

CITADEL 

Le Centre d’intégration et d’analyse des données médicales est plus connu sous le nom CITADEL. En son cœur travaille une équipe de plus de 20 spécialistes de haut niveau (architecture de données, sciences des données, bio-informatique, biostatistique, médecine). À ce jour, ce sont plus de 350 projets de recherche qui y ont été menés afin d’améliorer la santé de la population. 

Les équipes du CHUM souhaitent désormais aller encore plus loin! Elles veulent combiner les données cliniques aux quantités phénoménales de données « omiques », des données biologiques obtenues grâce aux nouvelles technologies. 

Par le biais de cette évolution, unique au Québec, l’équipe scientifique travaille à mieux prédire et prévenir les maladies, établir des diagnostics plus justes et précoces, et offrir des soins de santé personnalisés. Il est possible, par exemple de cibler le profil génomique d’une personne ou d’une tumeur. 

Patientes et patients partenaires 

Depuis quelques années, ce sont des partenaires incontournables des équipes cliniques pour améliorer la qualité des soins et des services. Leur expérience et leurs savoirs acquis pendant leur cheminement hospitalier sont de plus en plus reconnus. Mais peut-on distiller cette expertise unique dès les premières étapes d’un projet de recherche?  

Accompagnées par le Centre d’excellence sur le partenariat avec les patients et le public (CEPPP), basé au CRCHUM, certaines unités de recherche ont saisi les avantages d’une telle association pour la recherche biomédicale. La Dre Marie-Pascale Pomey, chercheuse au CRCHUM, et Olivier Fortin, patient partenaire, ont ainsi lancé PAROLE-CEVARMU. Il s’agit d’un projet de recherche de soutien par les pairs pour les personnes ayant subi une amputation traumatique ou une revascularisation d’un membre supérieur. 

En 2017, un comité composé alors de cinq chercheurs, trois gestionnaires et cinq patientes et patients partenaires a été mis sur pied. Il vise le rayonnement et le développement scientifique du CRCHUM. 

Microfluidique : des labos miniatures 

Une équipe du CRCHUM met au point des dispositifs microfluidiques. Véritables mini-laboratoires tenant dans le creux d’une main, ils permettent entre autres de tester, d’observer et de prédire, dans un environnement contrôlé, la réponse à un traitement sur des échantillons de cancers de patientes et patients (biopsie d’une tumeur, par exemple). Et ce, tout en réduisant le temps d’analyse. 

Unique au monde, cette technologie a été développée et affinée sur dix ans par les équipes de la chercheuse Anne-Marie Mes-Masson et du chercheur Thomas Gervais

Cyclotron 

Cet équipement produit des radiotraceurs, des molécules marquées par un élément radioactif, utilisés en imagerie médicale (tomographie par émission de positrons ou TEP) entre autres pour le diagnostic. 

L’équipe scientifique responsable du cyclotron développe de nouveaux radiotraceurs pour améliorer la détection et le suivi des maladies graves telles que les cancers, le diabète ou les maladies neurodégénératives (ex. : Alzheimer) et cardiovasculaires, et mieux en comprendre la progression. 

Dans le cas du cancer de la prostate, la nouvelle génération de radiotraceurs, produite par le cyclotron du CRCHUM et utilisé en TEP, permet aux médecins de mieux détecter les sites de cancer comparativement à l’imagerie classique. 


La santé à cœur 

Au centre de recherche du CHUM, la recherche en santé des populations est coordonnée par le Carrefour de l'innovation et de l'évaluation en santé. Celui-ci regroupe depuis sa création en 2016 de nombreuses équipes capables de transformer des données scientifiques en innovations dans les milieux de soins. 

En voici quelques exemples concrets : 

Parkinson : une infirmière virtuelle 

Une équipe de recherche a développé, avec la collaboration de personnes vivant avec la maladie de Parkinson et leurs proches, la plateforme d’intervention virtuelle : TAVIETM en mouvement

Des sessions interactives y sont animées par une infirmière virtuelle. La plateforme communique de façon rigoureuse et personnalisée de l’information et des ressources pour relever les défis associés à cette maladie, que ce soit pour la personne malade ou les proches.  

Des sous-vêtements connectés contre l’incontinence urinaire 

Au Canada, environ 10 % de la population est touchée par une forme d’incontinence urinaire, perte involontaire d’urine qui peut s’avérer stigmatisante socialement. 

La chercheuse Neila Mezghani travaille à la conception d’un sous-vêtement sur lequel s’insérera un discret capteur d’ultrasons. Ce dispositif mesurera tout au long de la journée le volume d’urine dans la vessie. Il avertira la personne qui le porte (ou les personnes qui l’aident) dès que sa vessie a atteint un seuil de remplissage prédéfini. 

Dans le cas de personnes présentant des incapacités physiques ou cognitives, le sous-vêtement sera muni d’un capteur d’humidité. Il pourra notifier, en cas d’incontinence urinaire, le personnel soignant (d’un centre d’hébergement, par exemple), pour qu’il localise la personne concernée.  

Les drones peuvent-ils améliorer la santé de populations isolées? 

Trop tôt pour le dire, mais les dernières expériences en situation réelle à Madagascar, au Malawi et au Sénégal permettent d’ouvrir la voie à leur utilisation locale en Afrique et ailleurs. 

Dans ce projet mené conjointement par l’Université Stony Brook (New York) et l’Institut Pasteur de Madagascar, le Dr Simon Grandjean-Lapierre et ses collègues ont exploré l’utilisation de drones comme moyen de s’affranchir des obstacles logistiques à une prise en charge de la tuberculose. Envoi d’échantillons d’expectoration, de médicaments pour le diagnostic et de traitement entre des villages isolés et un laboratoire ont fait partie de la recherche. 

En collaboration avec l’équipe du McGill International TB Centre, il élabore également un outil de triage précis qui se base sur l’enregistrement numérique de la toux pour détecter la présence de tuberculose. Grâce à une banque de données, des programmeurs utilisent la reconnaissance acoustique pour classer les sons selon la probabilité d’être en présence d’une infection.  

 

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