L’IA pourra-t-elle remplacer les médecins?

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L’IA pourra-t-elle remplacer les médecins?

Article 9

L’IA pourra-t-elle remplacer les médecins?  

Nous avons probablement tous et toutes entendu cette question au moins une fois dans les dernières années. Comme promis dans le dernier article, aujourd’hui, je vous partage mon opinion. Rien d’un avis d’expert, seulement la réflexion humble d’un apprenti, encore naïf, qui navigue entre deux mondes qu’il apprend à connaître : la médecine et l’intelligence artificielle.  

Mais pour répondre à cette question, prenons un chemin différent. Je vous propose un voyage dans deux univers complètement opposés. Nous observerons les conséquences de chacun, pour remonter ensuite jusqu’à la source : qu’est-ce qui, au fond, façonne notre avenir? 

C’est parti.

Univers 1 : La dystopie de la perfection 

Imaginez un monde à la fois parfait… et catastrophique. 

Dans cet univers, l’erreur humaine n’existe plus. 
La médecine est devenue une science exacte, prévisible, mathématisée. 
Chaque patient et patiente reçoit un diagnostic instantané, validé par une IA ultrapuissante. Les algorithmes décident, les robots opèrent, les êtres humains obéissent. 

Les médecins ont disparu, du moins, leur essence humaine. 

Plus de doute. 
Plus de ressenti.
Plus de biais, d’émotions ou de fatigue. 
On a « amélioré » ces personnes pour qu’elles soient plus efficaces. Elles sont devenues… des machines. 

La population, quant à elle, est prise en charge du berceau à la tombe par l’IA. Plus de temps perdu, plus de files d’attente, plus d’erreurs médicales. Les données sont réglées au millimètre, la santé est mise au point… et les êtres humains finissent par être identiques.  

Alors pourquoi cela sonne-t-il si froid, presque effrayant? Parce que derrière cette quête de perfection se cache une source bien humaine : la peur de l’erreur, la soif de pouvoir, l’obsession de contrôle, et surtout, l’illusion que l’efficacité vaut plus que l’humanité. Dans ce monde, on a oublié que, parfois, un silence, une main posée sur l’épaule, un sourire ou un regard guérissent autant sinon plus qu’un traitement. 

On ne soigne plus des personnes, on optimise des corps.

Univers 2 : La médecine profondément humaine 

Maintenant, faisons l’inverse. Imaginez un monde qui a refusé de sacrifier l’être humain. 
Un monde où l’IA n’a pas remplacé les médecins, mais les accompagne. Ici, l’IA est un outil, pas un maître. 

Elle augmente la mémoire humaine, facilite la recherche, détecte plus tôt, prévient mieux, mais n’éteint pas la relation thérapeutique. 
Elle libère du temps au lieu d’en voler. 
Elle améliore le jugement sans le remplacer. 

Les médecins écoutent, rassurent, doutent, réfléchissent, consolent, comprennent. 
Ces personnes utilisent l’IA pour être plus pertinentes, plus justes, plus informées, mais elles restent médecins parce qu’elles restent humaines. Dans ce monde, on reconnaît que la technologie est une force, mais qu’elle ne peut remplacer l’intuition, la compassion, l’empathie et la dimension spirituelle du soin, ces éléments invisibles, impossibles à coder. 

Ici, le progrès technologique sert le progrès humain, il ne l’efface pas.

Alors, l’IA remplacera-t-elle les médecins? 

Vous l’aurez compris : la réponse ne dépend pas de la technologie. Elle dépend de nous. 

De nos choix. 
De nos valeurs. 
De ce que nous décidons de préserver… ou de sacrifier. 

Et si vous me demandez dans quelle direction nous nous dirigeons aujourd’hui, je vous répondrai honnêtement : nous glissons tranquillement vers le premier univers. 

Non pas parce que l’IA est mauvaise, mais parce que la facilité, l’efficacité et le contrôle nous fascinent. Parce que nous croyons que supprimer l’erreur, c’est progresser. Parce que nous confondons soigner le corps avec soigner l’être humain.

Mais rien n’est joué. 

L’histoire n’est pas écrite. 
Nous pouvons encore choisir un troisième chemin, un équilibre. 

Un futur où l’IA ne remplace pas les médecins, mais leur permet de conserver pleinement leur humanité. Car le vrai danger n’est pas que les machines deviennent plus intelligentes.  
Le vrai danger, c’est que les êtres humains deviennent moins humains. 

En fin de compte, la question n’est pas vraiment « L’IA remplacera-t-elle les médecins? »  
La vraie question est : quelle place voulons-nous laisser à l’être humain dans la médecine de demain? 

Le futur reste entre nos mains.  

Si vous voulez pousser plus loin votre réflexion ou vous faire votre propre idée sur le sujet, je vous invite à consulter le répetoire de ressources de l’ARS, surtout la section sur l’éthique. C’est parfait pour mieux comprendre les enjeux derrière l’IA-santé.  
Sur ce, je vous donne rendez-vous dans le prochain article, où nous explorerons comment garder l’être humain au cœur de l’IA médicale. 
 

À très bientôt. 
 

Meziane Silhadi


Meziane Silhadi
Étudiant en médecine, Université de Montréal
Président fondateur, Société Québécoise de l’Intelligence Artificielle en Médecine (SQIAM)

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