L’intelligence artificielle au quotidien: un couteau à double tranchant

Article 8

Depuis quelques années, l’intelligence artificielle (IA) ne cesse de nous étonner par ses prouesses. Toujours plus rapide, plus efficace, plus « savante », elle s’impose dans nos vies au point de devenir un réflexe quotidien. Que ce soit pour planifier notre semaine avec Reclaim AI, gagner du temps en demandant à ChatGPT de résumer un article scientifique ou encore soigner l’allure de nos communications grâce à Copilot, une chose est claire : nous sommes de plus en plus dépendant·es de l’IA.

Dans l’article précédent, j’ai promis de vous partager la manière dont j’utilise l’IA au quotidien. J’aimerais toutefois commencer par une confidence qui en surprendra — voire en décevra — certain·es : j’essaie au maximum de limiter mon usage de l’IA. Ça peut sembler ironique, même absurde, venant de quelqu’un qui écrit des articles de blogue sur l’IA et qui préside une association étudiante consacrée à la place de l’IA en médecine. Pourtant, malgré mon enthousiasme évident pour cette technologie, je garde aussi un regard critique.

La dépendance à l’IA

Avec l’arrivée des nouveaux grands modèles de langage (couramment appelés IA de génération de texte, agents de conversation ou encore « chatbots » comme ChatGPT) plus puissants et autonomes que jamais, j’ai réalisé à quel point j’étais devenu dépendant. J’avais recours à l’IA pour presque tout : résumer mes lectures obligatoires plutôt que de faire mes propres notes, inventer des quiz pour tester mes connaissances plutôt que de les rédiger moi-même, chercher de l’information complexe au lieu de fouiller dans des livres ou sur des moteurs de recherche, ou encore corriger mes textes plutôt que de pratiquer par moi-même. Bref, l’IA était devenue mon compagnon constant, tellement que j’en venais à oublier certaines règles de grammaire, à force de tout déléguer.

En observant autour de moi, j’ai compris que je n’étais pas seul. Aujourd’hui, l’IA est devenue une véritable extension de nous-mêmes, notre bras droit. Beaucoup ne peuvent plus s’en passer, même pour des tâches banales : demander une idée de recette, choisir un prénom pour un·e futur·e enfant, ou simplement discuter pour se sentir accompagné·e. Mon objectif ici n’est pas de juger qui que ce soit, mais d’inviter à réfléchir. Car oui, l’IA a transformé notre quotidien de manière positive, mais elle comporte aussi des revers : elle peut brimer notre créativité, diminuer notre sens des responsabilités et du leadership et nous pousser vers la facilité, le tout en réduisant parfois l’aspect profondément humain de nos créations au profit d’une efficacité froide et parfaite.

L’humain avant tout

Chères lectrices, chers lecteurs, j’espère ne pas vous avoir effrayé·es en partageant cette vision plus critique. Mon but est simplement de rappeler un équilibre nécessaire : ne pas tomber dans la dépendance totale en croyant que l’IA est la solution à tout. Je reste le premier à être enthousiaste face à cette technologie prometteuse, et je crois fermement qu’elle jouera un rôle majeur dans un avenir proche. Dans le domaine de la santé, notamment, elle pourra nous libérer de certaines tâches secondaires pour nous permettre de consacrer plus de temps à ceux et celles qui en ont réellement besoin, les patient·es.

Mais pour tirer le meilleur de ces changements, il sera important de garder l’aspect humain en priorité. 

Sur ce, je vous dis à très bientôt, pour un nouvel article où nous plongerons ensemble dans une question qui nous intrigue toutes et tous : l’IA pourra-t-elle remplacer l’humain?

Au plaisir,

Meziane Silhadi
Étudiant en médecine, Université de Montréal
Président fondateur, Société Québécoise de l’Intelligence Artificielle en Médecine (SQIAM)

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