Cancer de la prostate : traiter plus tôt pour vivre mieux et plus longtemps

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Dans l’univers médical du cancer de la prostate gravitent des individus pour le moins solaires. Des médecins, des chercheuses et des chercheurs qui ont permis des avancées scientifiques majeures dans le traitement de la maladie. Le Dr Fred Saad est l’un d’eux.

Que ce soit en recherche fondamentale ou en recherche clinique, le chercheur du Centre de recherche du CHUM est sur toutes les lignes de front. Scientifique engagé parmi les plus consultés, ce chef du service d’urologie du CHUM a collaboré à la découverte de pratiquement tous les nouveaux traitements utilisés dans le cancer de la prostate ces 25 dernières années.

Aujourd’hui, avec son équipe et ses collaborateurs étrangers, il travaille principalement sur les marqueurs pronostiques moléculaires du cancer de la prostate avancé et les nouvelles approches thérapeutiques.

Nous revenons avec le Dr Saad, professeur titulaire de chirurgie à l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire Raymond Garneau en cancer de la prostate, sur ses plus récentes études publiées dans le New England Journal of Medicine.

Q1. En tant que chercheur, vous avez co-dirigé et participé à l’étude PROSPER. En 2018, cet essai clinique international a montré que l’enzalutamide, un médicament pour traiter le cancer de la prostate non métastatique résistant à la castration, retarde d’environ deux ans l’apparition de métastases chez les patients. Selon les dernières données publiées dans le New England Journal of Medicine, il améliore aussi la survie globale des patients. Pouvez-vous nous en dire plus?

R. On parle de résistance à la castration quand le cancer chez un patient progresse malgré l’hormonothérapie. L’alerte nous est donnée par un taux de PSA [antigène prostatique spécifique] qui augmente rapidement. Quand les patients ne répondent pas à ce type de thérapie, ils ne meurent pas de vieillesse avec le cancer de la prostate; ils meurent du cancer de la prostate.

Dans notre dernière étude, nous montrons que l’utilisation de l’enzalutamide un an et demi avant l’apparition des métastases chez ces patients leur apporte presque un an de survie supplémentaire comparativement à un traitement amorcé quand les métastases sont détectées. L’enzalutamide fait partie des traitements antiandrogènes qui empêchent les cellules cancéreuses de la prostate d’utiliser la testostérone pour croître.

On retarde donc la mortalité et l’apparition des métastases. En comparaison des patients qui ont développé des métastases, les patients traités avec l’enzalutamide ont environ trois fois plus de chances de survie.

Le message à retenir? Traiter de façon précoce change le cours des choses.

Dans l’étude internationale SPARTAN, que j’ai aussi codirigée, nous montrions avec l’apalutamide [même cible thérapeutique que l’enzalutamide] que le fait de commencer tôt les traitements était bénéfique pour les patients asymptomatiques et que leur qualité de vie était maintenue malgré le recours à ce type de médicaments.

Q2. Chez les femmes, les mutations dans les gènes BRCA1 et BRCA2 augmentent le risque des cancers du sein et de l’ovaire. Présentes chez certains hommes, ces mutations les exposent à un risque accru de cancer de la prostate très agressif. Est-il possible de traiter ces hommes pour retarder la progression de la maladie et accroître leurs chances de survie?

R. Oui, tout à fait. Mes collègues et moi le montrons dans deux récentes études internationales [étude PROfound] publiées elles aussi dans le New England Journal of Medicine. Ces études sont le premier exemple concret de l’usage de la médecine personnalisée dans le traitement du cancer de la prostate.

Dans l’ensemble, nous avons dépisté 4000 hommes et en avons recruté 400 présentant un cancer métastatique résistant à la castration et qui sont porteurs d’au moins une mutation génétique dans les gènes tels que BRCA1, BRCA2, ATM ou autres qui nuisent à la réparation de l’ADN.

Chez les patients traités à l’olaparib, un inhibiteur de PARP, nous avons constaté un ralentissement dans la progression de la maladie d’environ 60 % et une réduction de la mortalité de plus de 30 %. Les PARP sont des enzymes qui aident à réparer les dommages causés à l’ADN. En les bloquant, l’olaparib empêche les cellules cancéreuses de procéder aux réparations et provoque ainsi leur mort.

Aujourd’hui, le dépistage génomique du patient dès le diagnostic se fait par le biais d’une biopsie, mais les résultats d’analyse ne sont pas disponibles immédiatement. Dans un futur proche, avec les avancées technologiques, on peut raisonnablement penser que ce type d’outils sera à la portée des cliniciens et leur permettra de commencer à traiter plus tôt les patients atteints de cancers avancés.

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