Cancer : la signature d’une réponse immunitaire inefficace révélée

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Des chercheurs du CRCHUM identifient les 28 gènes responsables

Détruire les cellules cancéreuses : notre système immunitaire est programmé pour accomplir cette mission. Parfois, il peine à ralentir la progression de la maladie, car son action est trop faible ou trop lente. Dans une étude publiée dans la revue The Journal of Clinical Investigation, des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) dévoilent pour la première fois la signature génétique de cette réponse immunitaire inefficace.

« Cette signature caractéristique compte 28 gènes. Nous avons pu la cerner en étudiant la programmation génétique de cellules immunitaires prélevées sur les tumeurs de cancer du rein et dans le sang de patients chez qui le cancer progressait, et en la comparant à celle de personnes saines. Cette signature pourrait nous aider à prédire quels patients vont aller moins bien », dit Réjean Lapointe, chercheur et responsable de l’axe Cancer au CRCHUM.

Ces mêmes gènes liés à une réponse immunitaire inefficace se retrouvent chez des patients touchés par d’autres cancers que celui du rein ou atteints par des infections bactériennes et virales comme le SIDA, a aussi montré l’équipe de chercheurs.

« Grâce à des banques d’échantillons et à des outils bio-informatiques puissants, nous avons pu valider la pertinence de cette signature sur près de 11 500 patients. Ceux avec le moins bon devenir clinique avaient une présence accrue de ces 28 gènes dans les cellules immunitaires de leur organisme », explique Réjean Lapointe, professeur à l’Université de Montréal et directeur scientifique de l’Institut du cancer de Montréal.

Sur les 28 gènes identifiés parmi les 20 000 gènes codants dans le corps humain, les scientifiques ont pu montrer que l’expression de trois gènes particuliers pourrait même donner une idée des chances de survie d’une personne.

Une cartographie d’une grande richesse

Pour arriver à des résultats aussi probants, l’équipe de Réjean Lapointe a dû entre autres cartographier les différences de programmation génétique entre les cellules immunitaires retrouvées dans les tumeurs et celles circulant dans le sang. Ou encore les différences entre les cellules immunitaires infiltrées dans les tumeurs de patients qui ont une maladie très agressive et ceux qui survivent plus longtemps.

« Dans la littérature scientifique, il y a déjà quelques articles qui répliquent en partie certains de nos résultats. Une étude très récente en VIH a montré que la protéine MMP9 est associée aux patients qui ont un moins bon contrôle de l’infection. C’est ce que nous avions déduit dans notre étude », indique Réjean Lapointe.

Ce travail colossal de recherche fondamentale permettra d’identifier les cibles thérapeutiques ou les mécanismes qui pourront être « débloqués » afin de réveiller le système immunitaire et d’éliminer les cellules cancéreuses.

Ces travaux ont été financés par l’Institut de recherche de la Société canadienne du cancer; la Fondation canadienne du rein; le Réseau de thérapie cellulaire, tissulaire et génique du Québec; le Fonds de recherche du Québec-Santé; le réseau d’immunothérapie de l’Institut de recherche Terry Fox; Mitacs; Merck; l’Institut du cancer de Montréal; the Society for Immunotherapy of Cancer et l’Institut Lady Davis pour la recherche médicale.

À lire : « Failed immune responses across multiple pathologies share pan-tumor and circulating lymphocytic targets » par Anne Monette et al. dans Journal of Clinical Investigation.

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